Après le massacre des vaches le 12 décembre 2025 en Ariège, Le souvenir d’une expérience spirituelle devant une vache vêlante à l’agonie dans les années 80
En accompagnant par la pensée, le massacre des 208 vaches abattues hier matin en Ariège, le pays où j’ai mis au monde mes deux premiers bébés, Ariège Terre Courage, qui m’a tant appris de la nature, je repensais au regard de la vache que j’avais accompagnée dans son agonie, autrefois, qui m’avait transmis son acceptation de mourir en donnant la vie. C’était du temps de la crêperie, dans les années 80. Je repensais hier matin à l’esprit de la vache vêlante qui m’avait appelée une fin de journée où j’allais chercher du lait ribot à la Ferme de Kerdaniel, sur le chemin qui va de Kervegant à Plaçamen, sur la route de Merrien. Une branche cousine de mon père tenait la ferme que nous avions choisie comme fournisseur de nos produits laitiers frais. D’habitude, je parquais mon auto à l’extérieur et je traversais la cour de ferme pour retrouver Marie-Thérèse le Doze-Sellin qui m’attendait avec mes bouteilles. Ce soir-là, en avançant dans la cour, quelque chose me faisait tourner la tête vers les bâtiments où jamais je n’étais allée. Je n’avais aucune raison d’aller dans les étables, le lait ribot était prêt dans la cuisine de la ferme et je partais rapidement reprendre mon service à la crêperie. J’avançais, mais j’étais retenue. Je devais tourner vers les bâtiments sur la gauche, au lieu d’aller dans la cour, en passant devant les jolis jardins bien entretenus par Marie-Thérèse, derrière des palissades protectrices. Quelque chose m’appelait là-bas, dans ces grands bâtiments. Je devais aller voir. J’ai suivi ce qui m’était soufflé à l’esprit. J’étais attirée vers l’entrée de l’étable. Je me suis retrouvée devant une vache vêlante, dont le veau se présentait mal, m’ont dit le vétérinaire et Joseph Sellin, le propriétaire. Agenouillée, devant ce monument en souffrances. Nos yeux sont restés fixés. La vache m’a transmis sa détresse et son acceptation à la fois. Elle savait qu’elle allait mourir, mais le veau serait sauvé. Elle donnait sa vie en conscience. Je crois que je suis restée en prière avec elle. Je ne sais combien de temps.
Il a fallu que je parte. Le lendemain, j’ai demandé à Marie, la fille ainée de la ferme, qui était ma directrice de salle, des nouvelles de la vache. Elle était morte dans la nuit. J’ai donné l’heure. Marie a confirmé. J’avais accompagné la vache dans son agonie et j’avais su le moment où son âme s’était échappée de son corps douloureux. Le veau était vivant et en bonne santé. J’ai vécu une expérience spirituelle avec une vache à l’agonie. Ce jour-là, j’avais su que les vaches avaient une âme et ma vision subtile du monde en a été changée.
J’ai parfois raconté cette expérience. On m’a prise peut-être pour une folle, tant pis, je sais ce que j’ai vécu. Je porte encore en moi le regard de la vache qui savait qu’elle allait mourir. Son regard m’a aidée à accompagner plusieurs animaux qui venaient mourir chez moi. Des petits animaux, le chat d’un voisin, ma vieille chienne, une mouette tombée, des poules. Tous ont eu ce regard qui sait que la fin est proche et qui l’accepte dignement.
J’imagine la douleur des vaches avant leur euthanasie. Car elles le savent. Et elles ne peuvent l’accepter, car la mesure d’abattage d’un troupeau entier est contraire à toutes les morales et les réalités des soins dû aux êtres vivants. Je ne connaissais pas cette vache de Kerdaniel avant de partager quelques minutes de son agonie consciente. Pourtant son regard est encore en moi, après plus de 40 ans ! J’imagine la douleur des éleveurs qui ont vu naître ces bébés veaux, ont passé des nuits dehors ou à l’étable pendant les vêlages, les ont nourris, les ont élevés, les ont vu grandir et prospérer. J’imagine leur douleur de les voir sacrifier sur l’autel des incompétences des gouvernants, pour des raisons politiques et économiques sans relation avec les besoins du vivant.
Car il existe toujours des solutions à la mesure des élevages. En particulier la quarantaine. La propolis de nos ruchers, extraordinaire antibiotique naturel, serait, parait-il, efficace dans le cas du virus qui attaque les troupeaux.
Ma tristesse est infinie. Je pense au regard de ma noble bête de la ferme d’autrefois, partie avec tant de dignité et je le vois multiplié par des milliers de vaches massacrées. La douleur des éleveurs est incommensurable. Ils ont droit au respect et au soutien. Pas aux mesures mortifères qu’on leur inflige. Les blindés contre les fermiers. Je ne croyais pas voir ça un jour ! En ce temps d’Avent, si triste, si morne, j’ai envie de crier : « Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ! » Faisons nos crèches. L’enfant Jesus reposera entre le bœuf et l’âne gris.
Honte sur nos gouvernants ! Honneur aux vaches massacrées ! Honneur aux paysans sacrifiés ! Ils sont nos trésors nationaux.
J’avais vu sur Instagram une vidéo de Lady Carnavon de Highclere Castle (où est tournée la série Downton Abbey) et je m’étais laissée inspirer par la beauté des fleurs fraiches récoltées par un beau jour d’été en fin de matinée. Recettes de Kéfir; de sirop et de sorbet aux fleurs de sureau
Les recettes sont simples. Le sureau a un goût délicieux, subtil, léger, savoureux. On peut aussi le cueillir, le faire sécher, en faire des tisanes. Les abeilles l’aiment. Le sureau est un arbre magique.
Kéfir aux fleurs de sureau
Pour un litre d’eau déchlorée
• 20 grammes de fleurs de sureau
• 80 grammes de grains de Kefir
• 100 grammes de sucre
2 figues séchées
1 citron
J’ai laissé macérer 48 heures, j’ai filtré puis j’ai mis en bouteilles.
Sirop de sureau
J’avais mis les fleurs restant du Kéfir dans un saladier, couvertes d’eau déchlorée.
La décoction s’est faite à froid pendant trois jours.
Le liquide était odorant, bien coloré.
J’ai ajouté le même poids de sucre.
J’ai donné quelques tours de bouillons pour bien dissoudre le sucre dans la décoction.
J’ai mis en bouteille. Le goût est exquis.
Voilà du sirop savoureux pour l’été. Pour les apéritifs et les rafraichissements.
La comtesse de Carnavon ne faisait pas comme moi. Elle faisait macérer avec le sucre dès le premier jour.
Ses proportions : 20 têtes de fleurs de sureau pour 2 kilogrammes de sucre. Voir la recette sur son site en bas de page.
Sorbet de fleurs de sureau et figues
Après filtrage du Kéfir et mise en bouteilles, j’ai pesé les fleurs et les figues restant. J’ai mis le même poids de sucre. J’ai fait chauffer et après quelques tours de bouillons, j’ai laissé refroidir.
J’ai mis une nuit au frigo, le temps de préparer la cuve de la sorbetière au congélateur.
J’ai ajouté un yaourt à la grecque à la préparation.
J’ai mis en marche la sorbetière.
J’ai versé le mélange sirop et yaourt dans la cuve.
Le premier printemps que j’ai vécu à Kerantorec était le printemps 1984, il y a quarante ans que je gère seule ma chaumière et le terrain autour.
Le premier iris du faite de toit planté en avril 2020 par le chaumier Erwan Harnay de Bannalec
Mon histoire avec les parcs et les jardins est ancienne. Aussi loin que je me souvienne, j’ai eu ce contact avec la terre. J’ai toujours vu mes grands-mères et mes parents faire leur jardin. J’ai fait mon premier jardin à l’âge de 5 ans, à la Gare de Moëlan, auprès du parc de la peintre Cécile Ravallec, dont les grands arbres m’inspirent encore. J’ai découvert les grands parcs anglais quand j’avais 11 et 12 ans. Plus tard, quand j’ai eu mes filles aînées, j’ai appris le potager auprès des vieilles personnes du village du Bosc en Ariège dans les années 70.
Mais c’est depuis que je gère Kerantorec et que je note et documente tout ce que j’y réalise que j’ai affermi mes compétences. J’ai quarante ans d’observation et de gestion de mon domaine. Je suis en mesure de transmettre mes connaissances et de témoigner de la résilience de la nature quand on la respecte.
Le résultat va bien au-delà de mes espérances. Les plantes se protègent les unes les autres en toutes saisons et sont d’une générosité euphorisante. J’ai acquis une santé que jamais je n’aurais cru possible autrefois, qui me permet de bien vivre sur ma terre, avec les poules, les abeilles, les plantes nourrissantes et médicinales, les arbres fruitiers et les grands arbres majestueux, entre des talus millénaires. Les grandes pierres des mégalithes nous donnent le sens de la relativité. Nous sommes un maillon de la chaîne et chacun a sa place dans l’évolution.
Les premières années vécues ici ont été difficiles. Ce sont les années les plus dures de ma vie. Mes choix d’indépendance ont été chèrement payés. Mais c’est là que je me suis formée spirituellement et philosophiquement. J’ai rencontré les druides et étudié un temps leur enseignement. Je n’ai pas suivi leur obédience, mais j’ai conservé quelques rituels que je pratique toujours comme celui des feux de Beltan, parce qu’ils correspondent à ce que j’observe au quotidien, au fil des saisons de la nature qui me porte et me nourrit.
Beltan (1er mai) fête le cycle de la lumière et de la vie dehors jusqu’à Samain (1er novembre), début de l’année celtique avec le cycle de l’ombre et de la vie intérieure.
Les dernières années depuis 2020 m’ont permis d’agrandir la propriété et de créer un domaine selon mes visions, mes intuitions, mes connaissances du terrain, mes critères esthétiques et mon éthique de gardienne de la terre. Je marche dans la beauté et chaque regard apporte son étincelle d’émerveillement. Chaque pas est un enchantement permanent. J’ai le sentiment d’être à ma place, au bon endroit et au bon moment.
Ma pratique agricole
En 1970, alors que je faisais des études de sociologie de l’agriculture, entre autres sujets, je rêvais d’être ouvrier agricole l’année suivante. Je voulais sortir des études théoriques pour vivre la réalité du terrain. J’admirais Bernard Lambert, qui gérait sa ferme et son élevage de poulets à Teillé en Loire-Atlantique et qui venait d’écrire un livre : Les paysans dans la lutte des classes, Le Seuil, poche, Paris, 1970, sur son expérience de syndicaliste agricole et de militant politique du PSU avec Michel Rocard et Serge Mallet, qui était mon professeur de sociologie politique à la fac de Vincennes. Je l’ai écrit dans mes cahiers de l’époque, publiés sous le titre Clandestine 70.
Je remercie la vie de m’avoir apporté la réalisation de mon ambition d’alors. Je suis certes la propriétaire de ce domaine breton, à la suite de mon arrière-grand-père, Martial Le Doze, dont j’ai pu recréer une parcelle d’origine de ses propriétés. Je suis surtout l’ouvrier agricole de mon terroir, au service de la nature. Je suis assistée d’un régisseur compétent et efficace, le jardinier Romain Dantec, qui sait matérialiser les idées qui me viennent en observant l’évolution des plantes et des zones que nous créons, pour mettre en valeur la diversité et la richesse des biotopes.
En 2020, nous avons refait le talus qui borde le champ voisin, créé une aire de van qui a pu accueillir des nomades en van ou caravane, arrêtés dans leur élan sur les routes par les confinements. Une cabine sanitaire y a été faite avec des toilettes sèches. Nous avons monté un poulailler, créé un rucher, organisé un parc, agrandi le verger, fait des haies sèches pour séparer les zones.
En 2022, nous avons creusé une mare, très vivante.
La mare en fin d’hiver au coucher du soleil
Nous préparons un nouveau projet : un petit vignoble de vins de cuve. Nous prévoyons aussi une serre enterrée, pour ne plus connaître les désastres de la tempête Ciaran sur les serres maraichères du coin.
Projet en cours : préparation de ma succession
Mais le plus grand projet, celui qui m’anime en ce moment, peut intéresser nombre d’entre vous qui me lisez, c’est la préparation de ma succession.
Je souhaite qu’elle soit la plus simple possible pour mes filles, « quand je fermerai les yeux », comme l’a dit si délicatement Maître Boillot à qui j’ai demandé conseil.
J’écris l’histoire de mon village. Couverture @AdamMolariss Peinture d’Erhard Bardt 1990 avec Yves Samson devant la chaumière (le toit a été refait en ardoise en 2019 par l’équipe de Pascal Audren, couvreur à Clohars-Carnoët)
Je travaillais cet hiver à mon livre Kerantorec, un domaine breton, quand j’ai étudié les actes de propriété des ancêtres. Chaque génération avait fait donation à la suivante. Le seul à avoir fait un testament était notre grand-père Louis le Doze et ses familles se sont déchirées pendant plus de deux décennies. Pour éviter ces drames, mes parents avaient fait à mes frères et sœur une donation-partage en 1977 et nous n’avions rien eu à payer à leur décès en 1984 et 1986. Je souhaite qu’il en soit de même pour mes enfants.
La solution : une donation en démembrement de propriété
J’ai décidé de faire à mes filles une « donation en démembrement de propriété ». Le terme est un peu dur, il m’évoque les tortures de l’Ancien Régime, mais le résultat est efficace.
À mon âge de 78 ans, je garderai 30% d’usufruit et mes trois filles auront les autres 70% en nue-propriété. À partir de mon 81ème anniversaire, en 2027, les frais seraient plus importants.
L’âge le plus intéressant pour faire une donation en démembrement de propriété est 50 ans, quand les droits sont partagés à 50%.
L’usufruit ne changera rien à mon mode de vie, je restera habiter ici, j’entretiendrai et améliorerai le domaine, je paierai les charges et pourrai en tirer des revenus.
Le démembrement prendra fin au décès de l’usufruitier : le nu-propriétaire devient l’unique propriétaire du bien sans droits de succession à payer. Dans le cas de mes trois filles, elles seront propriétaires en indivision.
Lorsque j’ai vu mon notaire, Maitre Boillot de Moëlan-sur-mer, si j’avais eu l’argent pour payer les frais, circa 6 500 euros, j’aurais demandé tout de suite la rédaction de l’acte.
Mais je vis avec une retraite de moins de mille euros, complétée par mes royautés d’écrivain de guides pratiques et de mémoires, qui ne sont pas des best-sellers : mes guides informatiques intéressent quelques auteurs francophones pour accoucher de leurs projets d’écriture et mes cahiers sont plus du genre films d’art et essai que films grand public. Quand j’ai un peu d’argent d’avance, je le consacre aux salaires de mon jardinier pour entreprendre quelques travaux d’importance avec du gros matériel pour continuer les aménagements du domaine.
Un vide-maison pour financer la mutation
J’ai donc décidé d’extraire quelques trésors de mes collections, dans les affaires conservées ici depuis que j’habite ma chaumière. Je vais proposer à la vente des objets, des vêtements vintage, des livres, des tableaux, des dessins, pieusement conservés.
Ce qui a été assez précieux pour moi pour que je le garde, l’entretienne et l’utilise depuis quatre décennies, le sera aussi pour quelqu’un qui me lit, me suit sur Internet depuis 1997, quand j’ai publié mes premiers articles et mon unique roman de jeunesse Aquamarine 67, ou qui échange avec moi sur Facebook depuis 2008.
Mes filles viennent de commencer un tri dans leurs propres affaires et c’était plus joyeux de le faire de mon vivant qu’après ma mort.
Je mettrai à disposition ce dont j’accepte de me séparer maintenant. J’ai des trésors.
La collection Samson
Certains dessins d’Yves Samson (1953-2006), mon dernier compagnon, n’ont jamais été vus ! Les seuls dessins qu’il a exposés l’ont été en 1981 au Ministère de la Mer à Paris, sous l’égide du premier ministre de la mer, notre député Louis le Pensec. Les collectionneurs des laques d’Yves Samson des années 1980, 1990, 2000, peuvent avoir envie de le retrouver dans son expression graphique profondément celtique.
Le catalogue raisonné est fait. Il me faut organiser toute une logistique, mais dès le 1er mai, j’exposerai quelques-unes de ses œuvres.
Quand j’aurai pu payer les frais de mutation au notaire, que nous aurons signé la donation en démembrement de propriété, je pourrai avoir l’esprit libre et me consacrer à mes écritures, une des priorités de ma vie, avec la restauration du domaine de Kerantorec, qui est mon dernier Grand Œuvre.
Le Saint-Joseph d’Yves Samson ou le Passeur d’âmes (1991)
Invitation à Beltan 2024 le mercredi 1er mai à midi avec pique-nique partagé dans la prairie
Kerantorec est un lieu à part, une bulle, une oasis. J’ai longtemps gardé secrètes mes recherches et réalisations, aimant vivre en ermite à mon rythme. Mais c’est aussi un devoir de transmettre les choses positives.
Je peux, depuis la fête de Beltan 2023, montrer le résultat de mon travail sur le domaine, fait avec mon jeune jardinier Romain Dantec, de Clohars-Carnoët.
Aussi ce nouveau 1er mai 2024, j’invite à venir allumer deux feux dans la prairie et à brûler symboliquement ce que nous ne voulons plus dans nos vie. Nous passerons entre les feux, avec nos animaux, pour protéger les troupeaux.
L’allumage se fera le mercredi 1er mai à midi. On peut donc venir après la manifestation !
Ensuite, nous ferons un pique-nique partagé, c’est-à-dire que chacun apporte un plat qu’il aime et le partage avec les autres.
Que la version 2024 marque nos mémoires et nous donne la force de continuer nos projets !
La journée du Couronnement de Charles III m’a vue définitivement sortir de l’enfance et de l’émerveillement pour les rois et les princes !
Londres et Windsor sont liés à mon enfance, en 1958 et 1959, j’y ai passé deux mois d’été, apprenant l’anglais sur place avant de l’apprendre au lycée, comme une langue maternelle qui me permet d’aider maintenant les auteurs francophones à travers le monde à utiliser des outils d’écriture anglais et australien, Scrivener et AeonTimeline.
Si j’ai gardé toute ma vie une tendresse enfantine pour la Reine Elizabeth II, je n’en ai jamais eu pour son rejeton le Prince Charles, de ma génération, à deux ans et demi près.
Si j’aime toujours voir les décors londoniens et le défilé des personnalités, si j’apprécie l’excellente logistique des festivités, si j’aime l’esprit du Commonwealth et la fierté des diversités, si j’aime le peuple, son histoire, sa culture, ses arts, ses monuments, sa musique, beaucoup de choses m’ont choquée.
Choquée que Camilla ne soit plus Reine Consort comme l’avait demandé la Reine Elisabeth peu avant sa mort. Choquée qu’une usurpatrice soit sacrée Reine à part entière. Camilla était pour Charles « sa part de vie non négociable » et la Reine, chef de l’église anglicane, avait dû accepter le mariage de deux divorcés. Certes, Elisabeth II n’avait pas assisté à la cérémonie religieuse : une façon de faire l’autruche. Charles aurait pu alors renoncer à son titre de Prince Héritier, comme son oncle avait abdiqué, pour vivre son amour avec une femme divorcée.
Choquée de voir le fils William faire allégeance à son père comme son grand-père l’avait fait à sa grand-mère, grand-père étant resté Prince Consort toute sa vie. Camilla aurait dû tenir ce rôle au lieu d’être sacrée Reine.
Il y avait une éclipse la veille au soir, lors de la réception des personnalités internationales à Buckingham Palace. Ce n’est pas de bon augure pour le roi Charles III couronné le 6 mai 2023 à midi.
Dès le début des cérémonies, j’ai eu un mauvais pressentiment, comme j’en avais eu lors des intronisations de nos deux derniers présidents de la République française, Hollande et Macron, qui ont fait sombrer la France dans le chaos. Les trombes d’eau qui tombaient sur eux à l’Arc de Triomphe m’avaient fait penser que les cieux et les dieux n’étaient pas avec eux. Surtout pour Macron. La réalité que nous vivons depuis mai 2017 va bien au-delà des pronostics pessimistes que j’avais faits sur son régime, bien au-delà du pire que j’imaginais alors.
De mes apprentissages druidiques, j’ai retenu qu’une cérémonie n’est heureuse que lorsque le soleil rayonne :
« La vérité à la face du monde, sous l’œil du soleil »
Jusqu’à la fin, j’ai espéré un rayon de soleil qui apporterait un peu de lumière et de joie sur la journée pluvieuse et grise.
Hélas, lorsque la famille royale était au balcon de Buckingham, quand les hélicoptères sont arrivés dans le brouillard, je pensais à la scène d’Apocalyse Now, à la guerre qui arrivait, à l’effondrement qui allait déranger ce bel ordonnancement de richesses.
J’avais essayé de m’intéresser au Prince de Galles bon jardinier et bon gestionnaire de ses terres héritées. Cela n’a pas suffi à me le rendre sympathique. Trop d’abondance d’un côté, trop de misère de l’autre !
Si je n’ai pas grande estime pour lui, j’en ai encore moins pour celle qu’il essaie de légitimer à marche forcée en la faisant sacrer reine auprès de lui.
Quand elle a été couronnée, j’ai pensé :
« L’église anglicane vient de consacrer un couple adultérin ! »
Que d’hypocrisies cruelles derrière les dorures, les pierres précieuses, les soiries d’apparat !
Bien sûr, tout au long des cérémonies, j’ai pensé à Diana, la princesse des cœurs, celle que nous n’oublions pas.
Nous enterrions notre plus jeune frère quand le monde entier pleurait Diana. Hier, la pluie qui se déversait sur les troupes, sur les gens, sur les carrosses, était les larmes de Diana.
Comme beaucoup d’Anglais et de sujets britanniques, je peux dire :
En ce 31 octobre 2022, je suis à jour dans mes chantiers de semis de céréales et d’engrais verts sur couvert végétal.
J’ai commandé des semences sur le site de Germineo, le 17 octobre, je les recevais le lendemain, le mardi 18.
J’ai éprouvé une grande jouissance quand j’ai ouvert les deux sacs de graines de Germinéo. Certaines graines avaient commencé à germer et me faisaient penser à des spermatozoides. Je plongeais mes mains avec délices dans la promesse de vie.
Je n’ai pas attendu trop longtemps avant de les jeter du geste auguste de la semeuse sur les zones de mon domaine, selon leur état et leur destination. Les pois fourragers ont été mis plutôt en parterres d’ornement et dans le verger et les céréales ont été semées dans les zones grandes en intervalle.
Lorsque j’avais fait visiter à mon jeune jardinier, Romain Dantec, le domaine lors de mon acquisition de la parcelle de mon frère Bruno, décédé trop tôt, je lui avais dit que je voulais y mettre des céréales. Lui voyait du gazon partout pour pouvoir faire joujou avec son tracteur-tondeuse. Moi, je voyais une terre précieuse à cultiver. Depuis que j’ai des poules et des abeilles, l’idée est encore plus évidente, a fortiori depuis qu’on nous annonce une pénurie de céréales, moutarde, etc.
Le premier hiver 2020/21, j’ai fait des essais avec un mélange automnal d’avoine, colza fourrager, vesce velue, seigle, sur des parcelles au terrain préparé, semé, roulé. J’avais fait les choses à l’ancienne. Tout était « propre » !
Le printemps 2021, j’ai fait un autre essai sur un terrain où il y avait beaucoup de ronces et d’orties, le long du muret nord en semant du sarrasin, sans travailler le terrain avant. Le résultat était aussi bon, sinon meilleur, que celui du premier essai.
L’été 2021, j’avais de beaux semis de moutardes et de phacélie pour les abeilles.
Je n’ai rien fait l’automne 21, j’ai laissé les graines tombées au sol se ressemer où elles le voulaient.
J’avais paillé mes parterres pour l’hiver avec la paille d’orge de mon voisin agriculteur et au printemps 2022, de nombreux plants d’orge parsemaient les parcelles potagères où les poules trouvaient à picorer directement sur pied les grains à maturité. Ce qui leur évite de déranger mes cultures.
Mes observations perpétuelles de mon terroir m’ont convaincue que la nature a horreur du vide et sait se protéger elle-même. J’ai vu arriver des plantes protectrices du sol pendant les grandes chaleurs et je peux dire que les plantes n’ont pas souffert dans le biotope que je gère. J’en arrive même à me dire que le lieu bénéficie d’un micro-climat tant mes constatations sont éloignées de ce que ce peut lire sur la sécheresse et le réchauffement climatique.
J’observe avec émerveillement au long des saisons la façon dont les graines se ressèment elles-mêmes. Elles ne vont pas forcément sur les zones de terre nettoyée. Non, elles se serrent avec bonheur les unes contre les autres et chacune trouve sa place. Bien sûr, parfois, certaines plantes se comportent comme des impérialistes, mais avec ma méthode de tonte sur les semis, elles sont rabattues et ne reviennent pas, remplacées par les céréales et engrais verts.
Je me souviens que les ronces repartaient alors que les plants de sarrasins émergeaient de terre au printemps 21. A un moment donné, j’avais dit à Romain : « Il est temps de tondre, pour ne pas abîmer les plants qui poussent ». Et ça avait marché.
Lors de la dernière tonte, j’ai pu constater que j’avais neutralisé la pousse sauvage des ronciers qui encombraient ce lieu il y encore deux ans et qui me prenaient beaucoup de place, cachant le joli muret nord que je veux mettre en valeur.
Aussi, cet automne 2022, je fais le pari de semer sur un terrain tondu il y a trois semaines, dont l’herbe a vite repoussé, sans le travailler du tout. Je sème sur herbe et feuilles mortes.
Une nouvelle tempête était annoncée.
Depuis hier, j’ai donc semé 25 kilos de pois fourrager, 25 kilos d’un mélange avoine-seigle et 10 kilos de blé. Au lieu de semer du gazon, je sème des graines qui vont nourrir les abeilles, les poules, les oiseaux, les chevreuils, et nous, si cela est possible.
La tempête est arrivée, la force de la pluie va permettre aux graines de s’enfoncer dans la terre déjà bien humide des pluies précédentes. Je tondrai dès que le beau temps reviendra, avant que les herbes de l’ancienne prairie soient trop hautes et dures. Ainsi les graines seront paillées naturellement par l’herbe et les feuilles mortes broyées.
J’ai fini mes dernières semailles en ce dernier jour de l’année de la lumière druidique. Mon voisin agriculteur se pressait aussi à faire les siennes. Il labourait et semait dans la foulée, tandis que je terminais mes derniers parterres avec les pois fourragers dont les fleurs attireront les abeilles quand elles sortiront d’hivernage.
Demain nous fêtons la Toussaint pour les catholiques, la Samain pour les celtiques. Demain commence l’année de l’ombre, qui permet de rentrer en soi, de méditer sur nos projets de vie.
En cette Fête des morts, je rends grâce à mon arrière-grand-père Martial le Doze qui cultivait ce domaine à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, en cherchant des solutions innovantes pour amender les terres. Je cherche à sa suite des solutions humaines et simples pour valoriser les richesses qui m’entourent. Je rends grâce à mes parents, à mon frère Bruno et à mon dernier compagnon Yves Samson. Leur présence est toujours dans les arbres qu’ils ont plantés, que je conserve et complète. Les jardiniers sont immortels.
Hier, 19 septembre 2022, après avoir préparé un chantier de restauration des boiseries de ma chambre, j’ai pris le temps d’assister aux cérémonies des funérailles d’Elisabeth Regina, personnage public qui fait partie de ma vie depuis qu’elle est devenue reine, lorsque petite fille asthmatique, souvent malade, j’écoutais beaucoup la radio. Je me souviens aussi de l’appel de l’abbé Pierre en janvier 1953… Nos jeux de récréation à la rentrée 53 étaient inspirés du Couronnement de la Reine.
Je me suis posée au bureau et j’y ai passé la journée, à me remémorer les moments de mon enfance passés devant ces bâtiments historiques qui n’ont pas changé, toujours entourés de grands arbres.
J’ai des souvenirs des châteaux de Buckinham Palace et de Windsor, mais surtout des parcs, Saint-James Park, Richmond Park, Kew Gardens, Hampton Court. En revoyant les lieux splendides que j’ai eu l’occasion de voir autrefois, j’ai réalisé à quel point j’ai eu la chance d’acquérir très tôt une culture des parcs et jardins, typiquement anglaise. Mes premières références de parcs et de musées viennent de Londres et de ses environs, des années avant de découvrir ceux de Paris et d’autres capitales européennes. Ces primes sensations esthétiques inspirent encore ma maturité dans la gestion de mon domaine de Kerantorec. J’ai conservé les grands arbres de mes ancêtres et je plante de grands arbres pour l’avenir.
Revoir les anciens Premiers ministres britanniques m’a fait réviser l’histoire contemporaine. Revoir les lieux de mon enfance m’a fait revoir ma propre vie depuis les années 50.
Lors de l’entrée du cercueil dans l’abbaye de Westminster, j’ai été bouleversée par la couronne des fleurs des jardins de la Reine. Elle m’a rappelé l’enterrement de Bruno, mon jeune frère paysagiste-horticulteur, parti trop tôt avant ses 40 ans, que nous pleurions 25 ans avant, comme le monde pleurait la Princesse Diana. J’avais écrit sur le faire-part d’Ouest-France et du Télégramme : « Il était un homme de la terre. Il retourne à la terre. Apportez-lui des fleurs de vos jardins. » J’ai le souvenir d’un cimetière rempli de gens faisant la queue, les bras chargés de fleurs, serrés les uns contre les autres, pour atténuer la douleur. Et quand je repense à ces moments d’immense tristesse que ces funérailles royales m’aident à passer, je revois les fleurs et les feuillages de nos jardins en cette fin d’été à la lumière glorieuse. Requiescat in pace
Ma sœur (82 ans) est arrivée à la fin de la cérémonie à la chapelle Saint-Georges de Windsor et nous avons évoqué nos souvenirs de ces lieux grandioses, elle dès l’été 1956 (elle avait eu le privilège d’assister à l’accueil par la Reine du Prince Fayçal d’Arabie), moi dès l’été 58 quand les placards des journaux dans les rues affichaient : « The Queen is Expecting a Baby » (c’était Andrew). A la gare Victoria, j’avais vu partir plus tard des soldats à Chypre. J’ai ainsi pris conscience très tôt des conflits mondiaux.
Les cérémonies officielles ont la puissance de nous faire prendre conscience de nous-même à travers des images idéalisées en dehors de notre quotidien. J’ai puisé hier une grande force en suivant l’ensemble des cérémonies sur les chaînes anglaises sans commentaire, juste le son lancinant des bottes sur le sol, les marches funèbres aux thèmes aussi répétitifs que du Philip Glass, le glas de Big Ben, la lamentation des bagpipes, dans la beauté des images et la grandeur de la logistique. Mon côté pratique apprécie toujours les bonnes organisations.
Chaque année, je cueillais ma première rose Queen Elisabeth au moment de l’anniversaire de sa royauté, le 2 juin et je regardais les cérémonies de Tropping The Colours, adorant voir la Reine à cheval, tant que cela lui a été possible. Le 6 juin 2022, j’ai eu l’honneur d’être invitée par une voisine écossaise à une garden-party avec ses amis britanniques pour fêter le Jubilee de la Reine et c’était bon de participer à la ferveur d’un peuple autour de sa souveraine.
Chaque année, je regardais la cérémonie du Te Deum du Commonwealth et m’émerveillais de la diversité des peuples du monde. Hier encore, j’admirais la place des femmes dans la sphère politique, dans les compagnies des armées, dans la hiérarchie religieuse, de cette royauté bien plus égalitaire que notre régime républicain de plus en plus poussif.
Chaque Noël, j’écoutais le message de la Reine.
Chaque ouverture du Parlement, j’écoutais son discours.
Sa Majesté rythmait mon année comme l’aurait fait un membre de ma famille ou une amie très chère, puisque mon amie Nicole Courset de Lorient, sujet britannique, avec qui je partageais l’amour des jardins, des tableaux et de la vie cosy, était née à Chelsea, quartier de Londres, le 30 décembre 1925, quelques semaines avant la Reine.
J’ai apprécié l’extrême élégance de la famille royale. L’élégance est devenue une valeur rare en France.
C’était une journée exceptionnelle. Ma fille Ana ce matin m’annonce que l’article sur son entreprise Jungle Cookies est sorti hier.
J’ai partagé ainsi l’article sur Facebook : Un bel article sur ma fille Ana Le Doze, qui a créé son laboratoire de pâtisserie Jungle Cookies à Lorient en formule à la commande via Facebook & Instagram pour commencer. L’article est sorti dans un numéro de journal historique : Adieu à la Reine Bienvenue à Jungle Cookies !
Gaelle Kermen, Kerantorec, le 20 septembre 2022 Crédit photo : Portrait de Bruno le Doze par Coralie Portet-Le Doze, 1997
C’était hier dimanche, avant midi, comme j’allais libérer les poules de leur enclos pour qu’elles sortent picorer des graines et des vers. Mon regard a été attiré par une tache blanche qui n’était pas là le matin quand j’avais ouvert le petit enclos de leur poulailler. J’ai eu peur que ce soit ma chatte Thaï dont le ventre est tout blanc.
C’était une mouette aux pattes rouges et au long bec rouge, que j’ai trouvée sur le dos, les pattes en l’air ; elle ouvrait le bec comme pour appeler à l’aide.
Je l’ai prise délicatement en lui parlant. Je ne voyais pas de blessure. Elle était confiante dans ma main tandis que je cherchais la cage que j’ai bricolée dans un ancien bac de tondeuse pour isoler une poule en cas de besoin. Je l’ai installée dans un nid de paille fraiche.
La petite mouette s’était redressée en me voyant ouvrir son nid. Elle était rassurée.
Elle ouvrait encore le bec. Je lui avais mis de l’eau argileuse et l’ai aidée à mettre son bec dedans. Puis je l’ai laissée se reposer dans la paille.
J’avais protégé son nid d’une serviette pour qu’elle soit dans la pénombre, dans la douche chaleur de la serre, pour qu’elle se réchauffe si elle devait survivre.
J’ai contacté mon gendre Morgan qui connait bien la nature.
— Morgan, je viens de trouver une jeune mouette en train d’agoniser. Je l’ai mise dans le panier aménagé pour soigner les poules dans un nid de paille. Je lui ai trempé le bec dans de l’eau argileuse et l’ai laissée se reposer sous une serviette protégeant le grillage. Puis-je faire autre chose ?
–– Tu peux essayer de lui donner poisson ou fruits de mer, mais il est possible qu’elle se laisse mourir. Elle est abîmée ?
–– Ah, bonne idée, j’ai 4 huîtres. Je n’ai pas vu de blessure, une trace près de l’aile, des traces sur le duvet de la tête. Hier l’agriculteur a labouré, les mouettes étaient nombreuses. Mais je n’ai rien vu le soir en allant fermer les poules ni le matin en allant les ouvrir. Je ne lui ai pas promis de la sauver, mais je l’ai assurée qu’elle serait au chaud et en sécurité.
Quand je suis revenue, après mon déjeuner, la petite mouette ne respirait plus, elle s’était laissée mourir, en paix, le bec dans la paille.
Vendredi, j’ai appris le décès d’une amie, Marie-Claude Ménétrier, professeur de biologie, qui m’apprenait beaucoup de choses sur les plantes et les animaux. Je ne cessais de penser à elle hier.
Elle m’aurait peut-être dit, comme lorsque je trouvais des arondaux tombés en bas du nid dans une dépendance en cette saison, qu’elle était trop faible pour faire un voyage de migration et qu’elle avait été piquée sur la tête par les autres mouettes pour tomber et rester là.
Il est courant que des chats voisins viennent chez moi se réfugier en fin de vie. Jamais encore je n’avais accompagné de mouette. J’ai fait ce que j’ai pu pour aider ce magnifique animal sauvage.
Mon domaine est un refuge et un sanctuaire.
J’ai vu dans cet événement un intersigne, comme disaient les anciens Bretons, un dernier message de Marie-Claude à l’heure du grand voyage. Ces moments entre les deux mondes des Druides nous aident à faire notre deuil. La mouette était une messagère.
J’ai enterré la jolie mouette au jardin des animaux en bas de prairie. Elle repose comme une colombe de la paix.
Habituée à tout gérer moi-même sur mon domaine, je pensais traiter le nid de frelons asiatiques découverts avec une bombe avant le lever du soleil. En regardant des vidéos, j’ai réalisé que ma combinaison d’apiculture ne serait pas suffisante en cas d’attaque. Je suis heureuse d’avoir trouvé un spécialise pas trop loin de chez moi, à Rédéné, TipTaupeBreizh.
Je profite des beaux jours pour restaurer les façades et terrasses que j’ai faites il y a 21 ans. J’ai nettoyé au Kärcher les enduits de chaux sur les façades et je prépare le chantier des menuiseries à reprendre au mois d’août. La dernière semaine du mois de juillet 2022 a été intense.
Le trou de vol du nid de frelons était derrière les branches de vigne et de rosier près du dernier luminaire de la façade de ma cuisine en cours de restauration
Découverte d’un nid de frelons
Grande émotion le samedi 23 juillet en fin d’après-midi. Pleine d’élan et d’ardeurs, je nettoyais le dernier luminaire de ma terrasse en le dégageant des branches de rosiers et de vigne, quand je me suis trouvée devant des frelons sortant de dessous le toit de l’ancienne cuisine.
J’avoue avoir changé mon programme pour travailler à l’abri dans la cuisine. Ce n’était pas plus mal, j’ai ainsi nettoyé complètement les deux fenêtres à l’intérieur comme à l’extérieur, en passant le nettoyeur vapeur sur les vitres et les bois, bois qui seront prêts à être huilés dès que j’aurai résolu le problème de la proximité du nids de frelons asiatiques.
Je n’ai pas osé prendre ma douche au lavoir comme je le fais d’habitude, été comme hiver depuis des années, ce qui me maintient en bonne forme.
Je n’osais plus aller dans la pergola-serre où j’avais été si sereine les derniers jours à écrire sur mon iPad ou à rempoter des tomates, alors que les frelons devaient être derrière les branches que j’ai taillées pour dégager le luminaire ouest.
Je n’étais pas trop fière le dimanche matin. Avant de descendre, après une bonne nuit de huit heures, je me suis demandé lequel de mes « chevaliers blancs » j’allais pouvoir appeler pour résoudre mon problème. J’ai la chance d’avoir quatre amis que je peux appeler quand je ne vois pas de solution personnelle.
La routine quotidienne m’appelait, je suis allée m’occuper des poules et j’ai fait le yoga sur ma plage devant la mare pour réfléchir.
La mare et sa plage, un bel endroit pour méditer et réfléchir
Je pensais aller le lundi à Bricodécor, la grande surface de bricolage locale, acheter une bombe, pour mettre le produit toxique dans le trou de vol avant le lever du soleil. Même si je n’aime pas utiliser le moindre produit chimique, je ne voyais que cette solution à ma portée. Je pouvais peut-être demander à mon camarade apiculteur du Belon, Michel, d’intervenir avec moi, il a un équipement, alors que Morgan, Bruno et Marc n’en ont pas. Je n’allais pas les mettre en danger.
Puis, je suis remontée prendre mon petit déjeuner et j’ai décidé d’observer les frelons. Ils étaient déjà actifs, leur vol sortait directement de dessous le toit et montait vers le haut au-dessus de la pergola. En fait, ils ne se préoccupaient pas de moi et il n’y avait donc pas d’urgence à appeler au secours. Mon principe d’autonomie m’invite à toujours trouver des solutions moi-même avant de faire intervenir des tierces personnes.
J’ai fait de nouveaux appâts anti frelons et j’ai rechargé le piège de la serre. J’avais mis deux pièges dans le figuier pour préserver les rares figues qui n’ont pas le temps de grossir et mûrir comme elles le devraient. J’ai vu plusieurs frelons y entrer, c’est donc efficace.
Les abeilles de ma ruche ont une activité très réduite depuis la grosse chaleur de lundi dernier 18 juillet. Ont-elles été attaquées par les frelons ?
Le lundi soir, j’ai regardé des vidéos sur le traitement de destruction d’un nid de frelons et j’ai réalisé que j’étais bien présomptueuse de vouloir faire ça moi-même. J’ai donc fait un mail à la mairie de Moëlan pour signaler le repérage du nid à côté de ma porte de cuisine et demander l’adresse d’un professionnel. Je n’ai pas eu de réponse.
C’est mon ami Marc, un de mes quatre chevaliers blancs, qui a trouvé un dépanneur de la région pour détruire le nid de frelons : Tip Taupe Breizh de Rédéné, une commune proche, après Quimperlé. Il l’a contacté le lundi soir. Le mardi matin, je remplissais le formulaire en ligne. Le responsable Yannick Bouguennec me répondait très rapidement, je lui envoyais des photos pour situer le nid que j’avais vu de l’intérieur du bâtiment inutilisé mitoyen de ma cuisine. Il est venu le mercredi soir à 21 heures, au coucher du soleil, quand les frelons sont rentrés au nid.
Le nid apparent à droite est dans un espace où le placoplâtre est tombé, entre les chevrons, sous la volige. Le trou de vol est sous les ardoises à l’extérieur.
Méthode utilisée
Le nid de frelons a été détruit avec un gros aspirateur Stilh. Il était sous la volige, sur trois rayons. Plus grand qu’il ne semblait à l’extérieur. Si on n’avait pas pu voir le nid dans le bâtiment inoccupé, il aurait fallu injecter du produit dans le trou de vol, ce qui empoisonne les frelons, mais aussi les oiseaux etc. La solution de l’aspirateur est pratique et non-toxique. Elle m’a rassurée.
Les frelons n’étaient pas agressifs du tout. Moins que les guêpes, ce que m’a confirmé le dépanneur.
Les trois rayons construits entre la volige de la toiture en ardoises et le placoplâtre du plafond étaient beaucoup plus importants que ne le laissait voir le nid apparent.
Nous avons rendu hommage aux talents de bâtisseurs de ces énormes frelons asiatiques. Adversaires par nécessité vitale, mais respectueux de leur savoir-faire de grands architectes avec de petits moyens.
Le dépanneur a eu Daniel Jaffré, le concepteur du piège à frelons Jabeprode, comme formateur pour des solutions écologiques dans les destructions d’espèces invasives et nocives.
Le dépanneur m’a dit qu’en ce moment ça ne servait à rien de leur mettre de la bière et du vin blanc, on peut les attirer avec du simple sirop de grenadine. On peut aussi leur mettre des huîtres dans le piège comme celles qui me restent de ma dernière pêche à Merrien. Ils cherchent les protéines, comme le poisson, ce qui explique que mon camarade apiculteur voit beaucoup plus de frelons asiatiques au port de Belon que je n’en voyais jusqu’à ces derniers jours. Il était temps d’agir.
Ma ruche a perdu de l’activité depuis la semaine dernière, vu la taille du nid, le dépanneur pense que les frelons s’y sont nourris.
Après la destruction du nid
Des frelons errants cherchaient à retrouver leur nid. Je m’en méfiais plus que précédemment, car ils entraient dans la serre, ce que ne faisaient pas les autres, qui entraient directement dans le trou de vol dans le mur. J’ai rechargé les pièges avec de la grenadine et des huîtres. Je garde la bière et le vin pour mes visiteurs et moi !
Le dépanneur m’a envoyé la photo des frelons retirés du bac de l’aspirateur. Si je n’avais rien fait, ma ruche serait sans doute morte et j’aurais perdu tous mes fruits de saison.
Ouverture de l’aspirateur de chantier après trois jours : le nombre de frelons est impressionnant. Les larves dans les grands rayons étaient aussi nombreuses.
J’ai repris mes travaux sur ma façade et mes terrasses avec sérénité.
Décapage de la terrasse avant la maçonnerie prochaine pour faire un soubassement en bas des murs et réparer les joints entre les pierres
Prenez soin de vous, de vos proches, des plantes et des animaux dont vous avez pris la responsabilité. Parfois, des professionnels peuvent vous relayer et apporter leur compétence et leur savoir-faire à vos problèmes en respectant le plus possible la nature. Gaelle Kermen Kerantorec, le 31 juillet 2022
Merci à TipTaupeBreizh de Rédéné (29300) d’être intervenu rapidement et efficacement. https://tiptaupe-breizh.fr/
En sortant de ma fièvre covidienne le 4 mars 2020, j’ai eu de nombreuses visions d’un monde nouveau que j’ai mises en action dès que j’ai pu retrouver mes forces et je dirai que ces actions m’ont aidée à retrouver mes forces.
Il est temps que je livre mes témoignages. Voici mes réflexions matinales.
J’éprouve une immense satisfaction à me nourrir de mes produits. Certes, je n’ai pas tout ce que dont je pourrais disposer si je faisais mes courses comme tout le monde en magasin. Je n’ai plus de beurre en ce moment, et pour une Bretonne, c’est un manque culturel certain, mais je me suis satisfaite de graisse de canard du confit de Bruno depuis quelques jours et depuis hier soir je prends du saindoux. Je peux me passer des choses que je n’ai pas. Je pourrais aussi me dispenser du saindoux et passer à l’huile d’olive. Pour l’instant, je fais comme ça. Je m’adapte à la pénurie. Je compense avec d’autres bienfaits de mon terroir.
Hier, j’ai commencé à préparer les choux blancs, que j’ai récoltés au potager du verger. J’ai fait un coleslaw avec le premier chou et une carotte rapée. J’ai mis la fin dans un bocal en lactofermentation. J’ai quatre autres choux à préparer sous cette forme. Ma première choucroute préparée ainsi a été un vrai régal. Rien que le chou macéré avec du gros sel et de l’huile d’olive me suffirait.
Je me nourris et me soigne aussi avec les radis noirs. Je dois en faire du sirop qui complètera la cure de sirop de cynorhodons que je fais depuis quelques jours. Quand la gorge me gratte ou que je commence à tousser, j’ai désormais le réflexe de prendre une de mes préparations, soit de manger un gros morceau de radis noir qui dégage tout de suite les bronches, soit de prendre une cuillerée de sirop de cynorhodons qui adoucit la gorge. Quand mon rucher sera productif, le miel viendra compléter les soins.
De même, il y a longtemps que je n’achète plus de démaquillant du commerce, je me lave avec de la sève de bouleau et on m’a plusieurs fois complimentée pour mon joli teint. Une vraie revanche pour moi qui ai été dans ma jeunesse si complexée par mon acné.
Les temps politiques sont si incertains que je ne suis pas sûre d’être autorisée à aller faire mes courses si je persiste à ne pas me faire vaccinée. Je ne crois aucun des mensonges contradictoires de la doxa officielle et je ne vois aucune raison à me faire inoculer un poison mortifère alors que j’ai parfaitement dominé le coronavirus quand il m’a atteinte. Je dois donc être la plus autonome possible. Cela ne me pèse pas, je n’ai pas fini d’explorer mes talus bretons et leurs richesses.
Chaque matin, je m’émerveille de commencer ma journée avec mes bons produits, l’œuf frais de mon poulailler, le sirop de cynorrhodons de mes églantiers, le jus et la marmelade des pommes de mon verger. J’ai un sentiment d’abondance que je n’ai jamais connu de ma vie. Je me sens riche, non pas d’argent, mais de la nature qui m’entoure et me protège de ses bienfaits. Je rends grâce en permanence de cette harmonie. Cette gratitude est un gage de bonne santé et de joie de vivre.
J’ai pu avancer le traitement des légumes récoltés cet automne, les radis noirs en sirop et les choux en lactofermentation.
J’ai tout préparé ainsi :
J’ai coupé les choux bien lavés en quatre, enlevé le trognon, détaillé les quartiers en fine lamelles au grand couteau, plus facile que la mandoline que je ne sais pas bien utiliser ou le moulin Moulinex utilisé la veille pour faire un cole slaw avec une carotte et un chou.
Pour le radis noir, le cône à lamelles du Moulinex est très bien, j’ai obtenu des tranches fines.
J’ai pesé 1,4 kg de chou et mesuré 14 g de gros sel de mer non raffiné, bien mélangé dans un grand cul de poule avec du cumin et des grains de genièvre. J’ai mis l’ensemble déjà un peu réduit dans la cassole en terre espagnole. J’ai ajouté des piments d’Espelette.
J’ai râpé deux radis noirs et j’ai ajouté du sucre dans le saladier en les mélangeant souvent.
J’ai tout mis au réfrigérateur. J’ai laissé une nuit.
J’ai mis en pots le lendemain.
J’ai récupéré le jus du radis noir en le passant dans un chinois avec un filtre à café en papier. J’ai la valeur d’un petit flacon de 100g. Ce type de sirop est à utiliser rapidement et à faire selon les besoins, en particulier contre les maux de gorge et bronchite.
Le radis noir se conserve bien en pleine terre, j’ai laissé ma plate-bande en place. Je veillerai à la pailler pour mieux la protéger.
J’ai mis le reste des tranches pour finir un petit pot de choux-carottes restant après le coleslaw. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.
J’ai massé le mélange des choux dans deux pots en verre Le Parfait en tassant bien à la main, puis au pilon, jusqu’à ce que le jus naturel remonte jusqu’au-dessus du mélange. J’ai fini par des feuilles de chou pour éviter la moisissure. J’ai fermé par des caoutchoucs déjà utilisés. Je surveillerai. C’est une méthode très économique.
Bonne conservation des récoltes en perspective. Prenez-soin de vous.