abattage de bois facile trucs de filles

Cet article fait suite au premier sur le bûcheronnage de ma haie de palmes, qui constitue mon plus gros chantier de la fin 2013 et du début 2014. Il s’adresse essentiellement aux femmes seules ayant besoin de gérer un domaine, un jardin, sans grands moyens, en étant le plus autonome possible. Mais ça peut aussi intéresser les garçons…

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L’abattage facile

Abattre un tronc est le plus facile, une fois qu’on sait se servir de la tronçonneuse, qu’on l’a bien en main, qu’on a pris sa mesure et son poids.
Faire une belle encoche à deux coupes devant s’apprend par l’exemple, comme me l’a montré Guenal au début, puis par la pratique, comme je l’ai expérimentée au début des abattages.
Faire l’entaille derrière aussi.

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Le bon emplacement de l’encoche de devant
Au début, je traçais le dessin sur le tronc avant de tailler, comme je l’aurais fait sur un tissu en couture, ou sur une planche en menuiserie. Le bûcheronnage tient compte d’autres paramètres que la simple planéité d’un tissu sur une table ou d’une planche sur un établi. On travaille en trois dimensions, en tenant compte du poids qui doit tomber dans une certaine direction et pas une autre, pour ne pas risquer d’accident. Même si les troncs auxquels je m’attaque ne sont pas de gros chênes bicentenaires, le bois dense et lourd du laurier-palme plein de vie et de ramure ne serait pas tendre si je ne faisais pas tomber les perches exactement où je le souhaite, là où je suis en sécurité, calée parfois dernière les moignons de celles qui sont déjà abattues ou derrière les autres troncs en attente.

L’encoche et l’entaille
L’axe de la chute dépend donc de l’encoche de devant. C’est l’entaille arrière qui va faire tomber l’arbre.
Sur les schémas des fiches que j’avais étudiées avant de me lancer dans mes divers chantiers de bûcheronnage – car ce n’est pas le premier, mais c’est le plus long – l’entaille est faite perpendiculairement au tronc. Guenal me la fait faire en biais et je réussis beaucoup mieux mes abattages de cette façon. C’est plus facile de tenir la tronçonneuse avec un angle aigu d’attaque du tronc que de la tenir perpendiculairement. Comme j’écris ce cahier de chantier pour convaincre d’autres femmes qu’elles peuvent aussi se lancer dans l’aventure, je donne volontiers ce tuyau. C’est inratable. Bon, il y faut, comme pour tout, un peu d’entraînement pour acquérir les bons gestes et trouver le bon endroit pour poser l’angle de la lame de tronçonneuse. Un gros chantier comme le mien me permet d’acquérir les bonnes pratiques.

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Le crac de la chute
J’aime particulièrement sentir l’arbre bouger, l’entaille s’agrandir, le tronc s’incliner, puis le crac résonner et la perche se coucher là où j’avais choisi qu’elle tombe. Le crac est comme le dernier cri d’un arbre vivant, un dernier dialogue avec moi qui le salue toujours avec reconnaissance pour le bois qu’il m’a fait en quelques années et qui va alimenter mon poêle les hivers prochains.

Après la chute
Au début, je déshabillais tout de suite chaque tronc. Pour les plus gros , qui avaient une énorme ramure, c’était une nécessité, sinon je ne m’y serais pas retrouvée sur mon chantier, que j’aime à voir dégagé, par esthétique et sécurité.
Maintenant que je suis dans une partie plus dense en perches fines, recépées des souches depuis trois ans seulement, j’en abats plusieurs à la file et je les dépiaute ensemble, en les faisant se caler les unes sur les autres.
Cette partie du travail est la plus pénible quand on travaille seul ou seule. Elle est indispensable pourtant.
Je taille de longues portions de perches que je stocke dans le fossé pour l’hiver. Quand j’aurai tout abattu, si j’ai encore du courage, je reprendrai le chantier pour débiter ces troncs sur mon chevalet, en les empilant pour les couper en rondins prêts pour le poêle dans quelques mois.

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Le plus encombrant est la ramure.
Quand on est plusieurs sur un chantier d’abattage de haie, un peut abattre, un autre tirer les perches, un autre ranger la ramure.
Évacuer la ramure est le plus difficile quand on est seul. Guenal m’a appris à tailler sous une départ de branches pour tout tirer en même temps sans me fatiguer. Je les mets en tas, en attendant de les brûler ou les broyer. J’y reviendrai en son temps.

Certes, je suis consciente que je ne ferai jamais aussi bien qu’un bûcheron traditionnel, auquel je ferai appel pour les plus gros troncs. Mais je lui aurai préparé le travail en lui proposant un chantier propre, sur lequel il interviendra aves ses grosses machines, hors de ma portée.
Je reparlerai des bûcherons professionnels une autre fois. Je leur rends grâce aussi de tout ce qu’ils m’ont apporté dans la lecture d’un paysage. Sans les hommes des bois que j’ai connus, je n’aurais même pas eu l’idée de me lancer dans mes chantiers de restructuration végétale de mon domaine.

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Les bienfaits personnels du chantier d’abattage
J’aime ce travail extérieur qui m’offre l’occasion d’être dehors quand le soleil rayonne en hiver. Il nécessite stratégie globale, intelligence du milieu, perspectives de vue. Il m’apporte lumière et espace. Il redonne au voisin agriculteur son territoire légitime. Il me permet de m’oxygéner et de me sentir en pleine forme physique. Je souhaite donc à toutes les femmes seules devant gérer un jardin de se lancer.

Gaelle Kermen, Kerantorec, 5 janvier 2014

Remerciements :
Guenal Boursier-Le Doze, couvreur-zingueur-cordiste à Moëlan-sur-Mer

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